18 juin 2010

TRANSAT RETOUR LE MARIN ACORES













Saint Martin Antilles

De nombreux bateaux sont ici pour la transat retour. Nous avons l’impression de passer à un échelon supérieur dans la catégorie des voileux.. Les conversations deviennent techniques. La météo est au cœur des débats.

« Si on prend l’option de partir demain, nous rencontrerons une longue dorsale anticyclonique qui nous obligera à faire 1 jour de moteur… ». « Tu as vu au 38° ce défilé des dépressions ? L’Anticyclone des Açores n’est pas encore là ».

« Tu dois suivre ton baromètre : s’il descend, tu descends, s’il monte, tu remontes… »

Nous avons hâte de nous retrouver aux Açores. L’équipage d’ « Héliotrope » a fait un faux départ. Il était parti de Martinique mais la houle lui a fait changer de cap. Marie José et Walter se retrouvent à Saint Martin. Vali de « Yeratel » nous donne des horaires pour les contacts BLU. Nous pourrons savoir ou sont les uns et les autres, connaitre des précisions quant à la météo rencontrée et surtout parler de nos aventures.

Nous avons réussi à dompter notre Iridium qui commençait à nous faire tourner en bourriques. Il a de temps en temps des humeurs lorsqu’il ne capte pas ses satellites…

A l’autre bout du monde nous avons »Titi » plus connu sous le nom de Norbert qui a été briffé par Mino et Ronan, qui sait parfaitement nous envoyer nos fichiers météo. Ce matin avant 6 h on branche l’engin….. Je sais que Norbert doit m’envoyer un message….Rien…

Puis tout à coup, la boite callée dans le placard des toilettes s’anime et se transforme en sapin clignotant…Hourrah !!! Ca marche.

On passe de l’angoisse à l’euphorie !!!

Depuis notre Lagon, nous partons faire des expéditions approvisionnements entre « Match » et « US ». Nous fouillons les rayons pour trouver des dates limites de consommation maximales. Nous sommes prêts et attendons une météo satisfaisante. Vers le nord, une dépression suivie d’un anti cyclone très étendu, nous obligerait dès les premiers jours à faire du moteur. Alors, nous attendons.

Sur le canal 16, les conversations se focalisent sur « Le départ ».

Flores l’ile des Açores où nous voulons arriver est à 2088 Milles. Notre moyenne par jour est de 120 Milles, quand ça va bien

« Yeratel » se fait « Router » par un spécialiste à terre qui connaît les possibilités du bateau et l’orientera en fonction du vent pour faire de la vitesse. « Héliotrope » qui est un voilier rapide veut faire mieux qu’à la précédente traversée qui n’avait duré que 14 jours !. La plupart sont jeunes. Notre bateau n’est rapide qu’au vent de travers, ne connaît pas l’allure au près et l’équipage un peu déclinant ne poussera pas le rafiot. La traversée doit pouvoir durer…

Jeudi 5 mai « Yeratel » prend la route, suivi le lendemain par un « solitaire » rappelé par des copains « Bretons qui jamais ne partiraient un vendredi ». D’ailleurs l'un accroche un voilier en sortant de la marina !! Preuve qu’on ne doit pas partir ce jour là !!. Le solitaire fait donc demi-tour. Samedi 8 mai « Héliotrope » quitte le mouillage suivit des 8 précédents. Nous partons le 10 mai à 7 heures du matin. Suivi a quelques heures de « Fizz Eole » de l’Aber Vrach « Mattell zo » et « Jolicat » qui rebroussera chemin.. Nous serons à portée de VHF pendant quatre jours avec « Fizz eole » puis ce sera le grand désert sur l’eau.


Plusieurs fois par jours nous communiquons avec nos copains en route ou restés en Martinique sur la BLU. Grace à Norbert nous recevons des cartes météo précises et si faciles à utiliser, qu’Elie ne prend plus la peine de sortir ses fax météo plus rébarbatifs et quelquefois peu lisibles, et qui oblige à rester à l’intérieur du bateau. Les jours se déroulent entre les quarts de surveillance pour l’un pendant que l’autre se repose. La prise des repas qui nous réuni, les répétitions d’accordéon quand la mer n’est pas trop grosse et la lecture. Le meilleur étant pour les quelques minutes du matin où l’on communique avec « Titi » et ceux qui nous envoient des SMS. Notre Iridium ne reste branché qu’au moment d’émettre mes messages. Quand le ciel est dégagé, ça va vite. Dés le premier jour, nous croisons des quantités de physalies, ces méduses très urticantes à voile nacrée poussées par le vent.

Nous voyons nos premières baleines au bout du 6 éme jour mais la nuit nous passons très prés d’un énorme bateau usine chinois. Y a-t-il un lien avec ces superbes cétacées ? Le capitaine me donne sa position. Lorsque je lui demande s’il a des filets trainants, il est déjà reparti travailler. Nous sommes passés à 500 m avec appréhension. Nous apprenons par la BLU que le propriétaire de « Yeratel » a du se mettre à la cap 24 H et plonger deux fois suite à des filets pris dans son safran.

Le 8 eme jour une hirondelle à gorge rouge épuisée vient prendre place sur le coussin du carré. Elle meure après avoir chanté une dernière fois.

Notre GPS a des sautes d’humeur. Elie a pensé à tout, il en a trois dont le dernier est étonnant de précisions et de rapidité à trouver une quantité incroyable de satellites.

Nous n’avançons, pas toujours dans la bonne direction soit pour laisser passer une grosse dépression soit parce que le vent ne nous permet pas de faire un meilleur cap. Nous nous rattrapons dans les calmes avec le moteur. Après n’avoir navigué qu’avec les Alyzées qui sont des vents d’Est, nous apprenons à maitriser les défilés de dépressions et d’anticyclones qui se succèdent ou s’entrechoquent donnant naissance à des calmes ou à des tempêtes. Ce sont des changements perpétuels d’amure, ou de voiles que l’on réduit ou tangonne. Chaque modification se fait à deux, toujours avec le harnais de sécurité, J’ai l’œil pour donner mes ordres sur le déroulement de la manœuvre. Elie se démène à l’avant dans les soubresauts du bateau qui plonge au rythme de la vague. Les quarts de nuit attachés dans le cockpit se terminent sur une couchette du carré avec tour d’horizon toutes les 10 mn. Les bateaux sont vraiment très rares, Nous arrivons à rester en veille 6 heures ce qui permet à l’autre de dormir.

Nous enfilons déjà les polaires et les cirés. Bien qu’ayant un chauffe eau tout neuf, les douches sont rares à cause du froid dehors ou de la gite dedans. A la gite tribord le clapet de fermeture des WC étant resté ouvert, a fait rentrer de l’eau de mer par vagues successives. J’ai attendu une gite bâbord qui donne accès aux fonds pour pomper et éponger.

Le vendredi 21, La mer calme nous permet d’observer des quantités de baleines. Devant le coucher du soleil, les colonnes d’eau de leurs souffles sont impressionnantes.

26 mai, le vent fraichit et nous prenons 3 ris. Le 27 Norbert nous souhaite bon courage, un vent force 7 est annoncé sur W Açores, nous faisons route au nord pour éviter d’atteindre trop vite les 35 Nds de vent. Le 28 RFI annonce un F8 avec mer forte a très forte, nous continuons notre route détournée et donnons notre nouvelle position à Norbert. Tout est gris autour de nous. Durant trois jours nous ne verrons aucuns astres, nous voguons dans une sorte de brouillard. Le 29 à 6 h le vent atteint 35 Nds nous affalons la voile et hissons la trinquette. Nous continuons grand largue sous trinquette seule pendant la nuit. Les vagues atteignent 6 mètres et nous fermons le bateau pour éviter que les déferlantes ne le remplissent par l’arrière. Enfin, le jour blanchit, nous sommes au 19 eme jour et faisons enfin cap direct sur Florès après avoir remis du génois puis la voile. Lundi 31 mai nous croisons un cargo et apercevons un voilier sur bâbord faisant la même route et que nous perdons de vue au matin. Les petits dauphins à ventre gris nous escortent en sautant, tandis que les gros « tursiops » ondulent le long de la coque. Mardi 1/06, Nous espérons arriver avant le soir à Florès et faisons route à la voile aidé du moteur pour faire un meilleur cap. Nous passons devant la pointe sud et entrons dans Puerto Lajes.

Déjà une quinzaine de voiliers, dans ce port minuscule !! Nous avons beaucoup de mal à trouver une place. La marine nationale nous averti qu’il y aura demain dérochage et qu’il faudra se mettre hors du port pour la journée. Le vent qui souffle à 30 Nds (force 7) se charge de nous y sortir pendant la nuit. Au petit jour nous relevons l’ancre pour retourner à l’abri de la jetée. La journée se passe en déménagements successifs car le bateau de la marine F475 doit sortir et nous ferons encore deux manœuvres. Le guindeau dans ces 15 m d’eau a besoin d’être boosté par le moteur. Après les explosions et le départ du bateau, Elie voudrait faire une dernière manœuvre pour aller se mettre plus à l’ abri. Je n’ai plus le courage de bouger. Cette première journée au mouillage de vent très fort nous abruti et ne nous permet pas de gonfler l’annexe. Nous manquons encore cruellement de sommeil, devons faire les formalités d’entrée et aimerions aussi visiter un peu l’ile ? Les voiliers arrivent à Puerto Lages, qui souvent sont partis avant nous ! Nous sommes fier de notre « exploit », mais nous le devons en grande partie à Norbert qui nous envoyait chaque matin la carte météo, ce qui n’était pas facile car souvent, on lui donnait un cap que nous étions incapables de respecter. Au départ, nous pensions n’avoir besoin que d’un bulletin tous les 3 jours, mais le rendez vous est devenu quotidien et lorsque l’Iridium, ne voulait pas se mettre au vert, c’était « panique « à bord !!!.

Solidement ancrée nous pouvons maintenant nous reposer et faire un peu de tourisme !! Nous louons une voiture à un particulier de Lajes et allons voir de près les lacs des calderas (l’ile est parsemée de volcans) et cascades grandioses qui bordent la cote. Le restaurant de Punta de Rochas Alta est excellant. Nous circulons dans un paysage magnifique aux routes bordées d’hortensias et d’azalées. Les fermes font surtout de l’élevage et fabriquent du fromage, nous croisons de larges fermières transportant les bidons de lait. Les champs sont tous cultivés et fermés de murs de pierres. Tout est étonnamment propre…

L’ile déborde d’eau et partout des robinets sont à la disposition des gens. En rentrant nous pourrons prendre de vraies bonnes douches sur le port.

Elie fait un peu la grimace car elles sont froides

Étonnamment, au raz de la falaise et devant une magnifique cascade nous prenons la wifi dans le port de Lajes offert par la municipalité. Nous prendrons la route vers midi le 4 juin après une dernière analyse du fichier météo. Notre prochaine étape est Horta dans l’ile de Faial à 130 Milles.